Le Pr François-Bernard MICHEL : une patientèle de génies
Pneumologue et écrivain, Président de l’Académie de Médecine comme il le fut de celle des Beaux-Arts, le Pr François-Bernard MICHEL milite pour la reconnaissance d’un dénominateur commun entre la démarche du praticien et celle de l’artiste, professant « un humanisme consubstantiel à la médecine ».
Portrait
Proust, Valéry, Rilke, Gide, Beckett, Queneau, Van Gogh… La liste des illustres « patients » est impressionnante.
A défaut de les avoir rencontrés, le Pr François-Bernard MICHEL a scruté leurs écrits, leurs œuvres et les témoignages de leurs entourages respectifs. Il a ausculté leurs états physiologiques et psychologiques, basculant entre émergence de la maladie et du génie créatif. Il a ainsi vérifié, au gré des ouvrages qu’il leur a consacrés, l’existence « d’un parallélisme entre l’œuvre d’art et l’art médical’.
Ce pneumologue de renommée mondiale, né en 1936 dans le Gard, ne s’est jamais départi de sa rigueur scientifique. Son parcours en la matière en est l’assurance : Chef de service maladies respiratoires et allergologie à 34 ans au CHRU de Montpellier et Professeur de clinique des maladies respiratoires à la Faculté, Membre de l’unité INSERM « Immunopathologie de l’asthme ».
Il est aussi l’auteur récompensé de plusieurs récits, comme « Le souffle coupé » (1984) ou « Proust et les écrivains devant la mort » (1995), à chaque fois Prix de l’Académie Française.
Il a aussi collaboré avec le Pr Jean BERNARD pour un recueil d’entretiens intitulé « Médecine hier, médecine aujourd’hui ».
Un scientifique, donc, mais doté d’une capacité d’observation, d’écoute et d’échange avec son patient, telle qu’il pratique toujours la médecine des personnes et non pas celles des maladies.
« La médecine, confirme le Pr MICHEL, aussi scientifique soit-elle, sera toujours un art et non une science ».
Tout est dit : François-Bernard MICHEL revendique pour le médecin, à l’instar de l’artiste, un statut original et humaniste, déployé dans l’art du face à face soignant-souffrant, avec la ré-invention permanente d’un dialogue nouveau. « Tout homme est unique et désire être reconnu singulier, insiste-t-il ; comme l’artiste, le médecine aussi peut proposer sa contribution aux personnes soucieuses d’accéder à l’excellence. Tel est le dénominateur commun de ces quêteurs de sens que nous sommes à part entière, nous les médecins, comme les artistes ».
Faire bouger l’Académie de médecine
Sa mission est d’un an mais au terme de son mandat, le Pr MICHEL a pourtant réussi deux avancées :
– L’arrivée des associations de malades dans l’enceinte de la Rue Bonaparte, à l’instigation du Pr Marc GENTILINI. Pour la première fois, des ONG (MSF, Secours Populaire Français, Croix Rouge, Fondation Raoul-Follereau) ont fait leur entrée avec une plateforme de réflexions et d’échanges, appelée à se renouveler chaque année,
– La prise de parole des médecins généralistes à la tribune pour évoquer des actes qui n’étaient pas jusqu’à présent abordés dans l’hémicycle de l’Académie.
D’autres évolutions juridiques sont en cours, avec l’inscription des statuts de l’Académie de médecine dans la loi, en attendant la réforme du règlement. « Et bien sûr, ajoute le Pr MICHEL, nous restons plus que jamais vigilants pour faire entendre la voix de la liberté d’expression dans les grands débats sociétaux ».
Là-aussi, c’est tout un art…
(Sources : Le Quotidien du Médecin, Novembre 2013)
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