Du nouveau pour la greffe de foie
Une nouvelle technique de greffe hépatique
Des chercheurs américains ont mis au point une technique inédite dans la greffe hépatique : l’augmentation du temps de conservation du greffon avant transplantation. Les résultats chez la souris s’annoncent très prometteurs.
Si le principe d’abaisser la température d’un greffon en-dessous de zéro degré Celsius (°C) pour mieux le conserver est simple à comprendre, il est très compliqué à réaliser. Surtout pour le foie, très sensible au choc hypothermique.
C’est le défi relevé par une équipe du Massachussetts General Hospital qui est parvenue à préserver des greffons hépatiques jusqu’à 4 jours et à les transplanter chez la souris. La technique fait appel à un système de refroidissement à -6°C, qui doit son succès à une machine de perfusion extracorporelle et l’utilisation de deux cryoprotecteurs, sans lesquels rien n’est possible.
Le bilan à 3 mois post-greffe est très encourageant. La survie des rongeurs est de 100 % en cas de greffon conservé pendant 72 heures, de 58 % en cas de préservation pendant 96 heures, sans aucun signe de défaillance d’organe.
Autrement dit, l’équipe américaine a réussi à multiplier par 3 la durée de préservation d’un greffon hépatique, limitée à 24 heures chez le rat. L’obtention de résultats comparables chez l’homme ouvrirait de nouvelles perspectives pour la greffe d’organe. En particulier pour le foie, puisqu’actuellement le greffon se conserve à peine plus de 12 heures dans une solution de l’université de Wisconsin (UW) refroidie dans de la glace : « Plus nous sommes capables d’allonger la durée de conservation des organes prélevés, plus élevées sont les chances pour le patient d’avoir un greffon le plus compatible possible, avec une préparation optimale à la fois du côté des médecins et des patients ».
La cryoconservation à basse température, qui a fait ses preuves à l’échelon cellulaire et tissulaire, pose davantage de problèmes pour des organes entiers.
Aussi, pour contrecarrer les effets liés au froid, les chercheurs ont eu recours à deux cryoprotecteurs et à une machine de perfusion extracorporelle, déjà employée dans d’autres greffes d’organes, comme le rein ou le poumon. En apportant oxygène et nutriments, cette machine est utilisée à la fois pour l’étape de super-refroidissement et celle de réchauffement.
« La prochaine étape est de conduire des études similaires chez des animaux plus gros », commente le Dr Rosemarie HUNZIKER, l’un des partenaires de la recherche.
Seulement, le challenge est élevé : la taille, la résistance et les capacités de conservation sont différentes d’une espèce animale à l’autre, posant de nouvelles problématiques, ce qui pourrait amener à corriger le protocole.
A terme et après plusieurs phases de tests, les chercheurs espèrent grâce à cette méthode assurée de congélation récupérer des transplants marginaux jugés impropres à la greffe jusque-là.
Source : Nature Médecine, Juin 2014
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