Histoire de la greffe
Retour arrière sur l’origine de la greffe, et chronologie
Dans l’encyclopédie médicale QUILLET, on pouvait lire en 1965 à propos des greffes :
« Personne ne contestera ce fait : les greffes ou transplantations d’organes constituent actuellement un des chapitres les plus en vogue de la médecine, un des chapitres intéressant toutes les spécialités, un de ceux qui ne laisse personne indifférent quant aux immenses possibilités qu’elles laissent entrevoir. »
Les années qui ont suivi et celles qui vont suivre ne démentent pas cette assertion : au XXIème siècle, la médecine et la chirurgie accomplissent quotidiennement des miracles et rendent la vie à des malades qui fréquentaient la mort de près ! Or « La greffe n’est pas une simple transplantation chirurgicale », ce n’est pas qu’une prouesse technique. « La greffe pose des problèmes médicaux, biologiques et immunologiques ». Et d’ailleurs, « les greffes ancestrales sont considérées comme de fausses greffes car elles n’étaient pas vascularisées ». Pour définir la greffe, l’encyclopédie QUILLET fait référence au Professeur LERICHE (chirurgien Français né à Roanne en 1879, mort à Cassis en 1955) :
« On transplante des tissus vivants.
Un transplant qui continue à vivre est une greffe.
Il n’y a greffe que quand la continuité de la vie personnelle du transplant est assurée.
Un transplant qui meurt n’est pas une greffe ».
Néanmoins pour passer des fausses greffes aux vraies greffes, pour en arriver aux résultats d’aujourd’hui, pour passer de l’acte chirurgical simple à l’acte de greffe, il a fallu accepter bien des erreurs, assumer bien des recherches, fournir d’incroyables efforts, faire preuve de patience, de ténacité mais aussi de génie !
Et tout cela nous le devons à des scientifiques de l’ombre mais aussi à quelques médecins dont les noms flottent comme des drapeaux sur les sommets de l’histoire de la médecine. S’il est impossible d’honorer tous les membres des équipes qui ont collaboré à ces travaux de première importance, il est tout de même indispensable de citer quelques dates et quelques noms célèbres grâce auxquels l’acte de greffe est devenu ce qu’il est à notre époque : un tour de magie … pour le commun des mortels que nous sommes !
Un condensé de l’historique de la greffe
- 1869 : JF REVERDIN (FR) couvre les surfaces sans peau de petites pièces d’épiderme étendues sur la plaie
- 1890-1895 : LOCKE puis RINGER découvrent des milieux nutritifs pour perfuser et conserver l’organe isolé
- 1906 : M. JABOULEY (FR) greffe un rein de chèvre au coude d’une femme
- 1907 : La 1ère greffe de cornée est réalisée
- 1933 : VORONOY réalise la 1° transplantation de rein de cadavre sur une jeune femme atteinte d’insuffisance rénale
- 1949 : Loi LAFFAY relative aux greffes de cornées (Jean DAUSSET découvre l’existence des anticorps contre les globules blancs chez les patients polytransfusés
- 1950 : R. LAWLER (USA) greffe un rein, mais à la place du rein ôté
- 1952 : J. HAMBURGER, L.MICHON, N.OECONOMOS, J.VAYSSE (FR) greffent le rein d’un donneur vivant à Marius Renard (de la mère vers le fils) *
- 1954 : Le laboratoire Wellcome découvre les premiers immunosuppresseurs (remèdes évitant le rejet du greffon)
- 1955 : N. SHUMWAY (USA) met au point le moyen de conserver le cœur au froid pour opérer
- 1957 : J. DAUSSET découvre les groupes leucocytaires (globules blancs)
- 1956 : Les greffes de Moelle Osseuse débutent avec G.MATHE (FR)
- 1962 : J. DAUSSET, J. HAMBURGER collaborent pour réaliser la 1°greffe compatible – RAPPAPORT et J. DAUSSET déterminent les groupes tissulaires HLA
- 1963 : H. BISMUTH lance le programme Français des greffes de foie
- 1967 : C. BARNARD (Afrique du Sud) greffe le 1er cœur humain
- 1968 : C. CABROL (FR) réalise le 27 Avril à Paris la 1ère greffe cardiaque en Europe
- 1969 : J. HARDY (USA) greffe un poumon à un condamné à mort atteint d’un cancer du poumon – Le professeur J. DAUSSET (prix Nobel de Médecine) crée la FNDOT pour informer et sensibiliser le public aux Dons ; la FNDOT deviendra la FFDOT en 1975 sous l’impulsion de M. MAGNIEZ (pharmacien), puis France ADOT en 1989
- 1980 : L’équipe du Professeur Eliane GLUCKMAN découvre dans le sang de cordon ombilical, appelé également Sang Placentaire, la présence de cellules souches très performantes qui seront greffées sur des malades de petit gabarit
- 1982 : La CICLOSPORINE, immunosuppresseur (remède fabriqué à partir d’échantillons de sol de la Norvège et jugulant le rejet du greffon) découvert en 1969, puis rendu absorbable par BOREL en 1972, est mis sur le marché
- 1986 : R. CALN (GB) réalise la 1ère transplantation cœur-poumons-foie – Les professeurs J. DAUSSET et J. BERNARD créent un Registre de volontaires au Don de Moelle Osseuse pour les malades n’ayant pas de donneur familial compatible
- 1987 D. HOUSSIN (FR) améliore la technique de partition du foie (1 foie peut ainsi servir à greffer 2 malades) – Création de FRANCE GREFFE de MOELLE chargée de sensibiliser les donneurs et d’en gérer le fichier
- 1989 : Inauguration du 1er Secrétariat Européen assurant la gestion des recherches entre les divers registres Européens de Moelle Osseuse
- 1994 : Création de l’ETABLISSEMENT FRANÇAIS DES GREFFES et mise en vigueur de la LOI de BIOETHIQUE : loi relative au respect du corps humain, au don et utilisation des éléments du corps humain, assistance médicale à la procréation et au diagnostic prénatal et qui abroge la Loi Laffay (1949) et la loi Caillavet (1976) Depuis cette date, de nombreux arrêtés et décrets ont été décidés afin d’améliorer les conditions médicales, juridiques, sociales et morales qui régissent les Dons et les greffes d’Organes, de Tissus et de Moelle Osseuse.
- 1999 : Prise en charge par France Greffe de Moelle de la gestion de la Banque Nationale de Sang Placentaires pour le bénéfice des patients nationaux et internationaux.
- 2000 : Projet de Signature d’une convention de collaboration entre France Greffe de Moelle et les Etablissements français du Sang.
* Marius Renard, 14 ans, avait perdu son unique rein en tombant d’un échafaudage. C’est sur l’insistance acharnée de sa maman qui avait été informée de la possibilité de prélever un rein sur personne vivante pour le greffer sur un malade dont les reins ne fonctionnaient plus, que l’équipe de chirurgiens, malgré d’importantes réticences de leur part (on en était aux balbutiements de la greffe) décidèrent de tenter cette opération de la dernière chance sur cet enfant. A leur grande surprise l’enfant survécut trois semaines après sa greffe (les deux reins étaient compatibles ce qui était le fruit du hasard, la recherche de compatibilité du greffon n’étant pas encore au programme puisque pas encore découverte) ; son rein fonctionna parfaitement jusqu’au 21ème jour où il cessa définitivement d’assumer son rôle de filtre : les anti-rejets n’ayant pas encore été découverts, le rein greffé avait été détruit par les Lymphocytes T ! Cette semi réussite permit de faire progresser la science.
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