A propos du mot ... GREFFE - Pour le Don d’Organes et de Tissus Humains
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A propos du mot … GREFFE

Petite étude encyclopédique du mot « Greffe« , que nous devons à notre amie Marie-Magdeleine…

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Dans le langage quotidien, on utilise maintes fois des mots dont le sens nous paraît évident parce qu’à leur évocation, des images, des faits se présentent clairement à notre esprit et nous nous en contentons ! Pourtant, si l’on a la curiosité d’effectuer des recherches sur l’étymologie de ces substantifs, donc sur l’origine de ces termes, on a parfois des surprises et en tout cas à la lecture de documents encyclopédiques leur sens s’enrichit d’un éclairage nouveau.

Ainsi recherchant dans une encyclopédie la signification du mot « Greffe« , j’ai pu y lire trois définitions différentes sous trois rubriques bien distinctes :

pucebleu les deux premiers vocables sont du genre masculin et désignent pour l’un « un stylet d’ivoire ou de métal pour écrire sur les tablettes de cire (du temps des Romains) ou une épingle à cheveux (greffe ou gravoire) qui servait à tracer des raies dans la chevelure« , pour le deuxième a) « le lieu public où sont conservés les minutes des jugements et arrêts, les actes divers émanant d’un tribunal, les doubles des registres d’état civil  » ; b) « la charge de celui qui est préposé au greffe« ;

pucebleu le troisième, qui est du genre féminin, désigne a) « l’opération qui consiste à transférer sur un individu des parties de tissus empruntés à lui-même, ou des organes pris sur un autre individu de manière que la partie transférée continue de vivre » ; b) « la branche, le bourgeon…détaché d’une plante pour être inséré sur une autre plante » ; c)  « l’opération elle-même« .

Je pensais naïvement que la différence de genre entre chacun de ces termes était le signe de la différence de leur étymologie : eh bien non ! L’encyclopédie précise que l’origine de ces trois mots est la même ! Alors quel mot est à l’origine commune de ces trois acceptions ? Larousse nous le révèle, c’est « graphion » en Grec ou « graphium » en Latin, qui signifient « stylet« , donc cet instrument dont « les Romains se servaient pour écrire ou dessiner en gravant dans la cire » étalée sur une tablette, seul support d’écriture courant.
Le dictionnaire Latin (le Gaffiot) nous apporte un autre éclairage : il fait référence d’une part au diminutif de « graphium » qui est « graphiolum » et qui désigne une petite pousse, une tige, et d’autre part à l’adjectif « graphicus » qui signifie « dessiné de main de maître, parfait, accompli« .

Quel rapport entre ce stylet et l’opération qui consiste à remplacer un organe ou un tissu malade par un autre, vivant, et qui prolongera la vie du sujet qui le reçoit ? La relation nous semble évidente : si grâce à un stylet (objet tranchant) on peut en y gravant des symboles, transformer une anonyme tablette de bois recouverte de cire en un document porteur d’un message important, support d’une communication peut-être vitale entre vivants, on peut considérer que ce moyen de communication apportait grande satisfaction aux utilisateurs puisqu’ils en ont tiré l’adjectif « parfait, accompli«  qui devait qualifier le résultat de cette opération !

Parallèlement, on peut considérer que pour réaliser une greffe sur une plante (lui apporter une nouvelle pousse) ou sur un être humain, les intervenants doivent utiliser un objet tranchant afin d’inciser l’écorce ou la chair et y introduire ensuite un symbole de communication d’une nouvelle vie, dans l’espoir d’un résultat proche du merveilleux qui apportera à tous la satisfaction d’un travail parfait. N’avons-nous pas la même définition que ci-dessus ?

Un arbre fruitier ne donnera souvent de beaux fruits que s’il est greffé ; les agriculteurs pratiquent depuis des siècles cette opération. « Et les hommes depuis quand greffent-ils ? » me demande-t-on souvent. On s’attend alors à recevoir comme réponse une date précise du XX ° voire au plus du XIX° siècle ! Eh bien non ! Le désir de greffer et l’acte de greffe datent de temps bien plus anciens que cela : l’histoire de la greffe débute en 800 avant J.C ! Le chirurgien indien Surshuta réalisa une plastie à l’aide d’un lambeau de chair frontal. En 300 avant J.C ce sont deux médecins arabes, devenus patrons des chirurgiens, St-Côme et St-Damien, qui greffèrent la jambe d’un éthiopien mort au diacre Gustiniano à Florence ! Bien sûr les greffes n’ont pris une importance considérable qu’à l’ère de l’asepsie et surtout depuis que des chercheurs ont trouvé en 1980 un remède anti-rejet : la ciclosporine tirée d’un champignon récolté en Scandinavie.

Donc force est de constater que « greffer » fut le souci des hommes en tout temps, si bien que ce verbe est passé dans le langage courant ; on dit au sens figuré, comme synonyme de « faire pénétrer, introduire » : Greffer des lois nouvelles sur les anciennes ; « L’absurde se greffe sur le vrai, c’est votre faute » V. Hugo ; ce fait vient se greffer sur tel autre. « Mais au fait « , me disait un responsable administratif, au soir d’une information que j’avais donnée au personnel d’une maison de convalescence, « Le monde a commencé par une greffe ! Eve a bien été créée à partir d’une côte d’Adam !  » : c’était déjà une opération de transmission de vie en vue d’améliorer d’ailleurs celle du premier homme ! Nous sommes donc tous les descendants d’une greffée !

Et pour ce qui est du Don des Organes ou des Tissus ; souvenons-nous : Rois et Saints ont bien été prélevés de certains viscères, de certains tissus destinés à honorer une Cathédrale, un Lieu Saint, une Chapelle… Ces reliques conservées dans un chasse, un reliquaire, font l’objet de pélerinages réputés et d’une grande manifestation de dévotion : le don d’organes et de tissus pourrait bien être considéré comme un Don Royal, comme un Don Sacré et mériterait encore un plus bel hommage de la part des hommes puisqu’il apporte de surcroît un prolongement de vie !

Marie-Magdeleine G

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