Transfusion sanguine : des enjeux de santé publique méconnus
Une enquête conjointe de la Société Française de Santé publique (SFSP) et de l’Etablissement Français du Sang (EFS) le révèle. Il existe une discordance entre l’importance de l’enjeu de santé publique, constituée par la transfusion sanguine, et la distance ressentie par les professionnels.
Un constat dérangeant
D’emblée, rappelons-le : chaque année, 500.000 personnes sont transfusées ; 500.000 autres utilisent un médicament dérivé du plasma. Au-delà, tous les citoyens sont ou pourraient être un jour concernés. « La proportion de la population naissante qui aura besoin dans l’avenir de cellules, d’un tissu ou d’un organe… est peut-être proche de 100% » estime Yves CHARPAK, Directeur d’étude à l’EFS.
Seulement voilà, les acteurs de la santé maîtrisent peu l’organisation et les enjeux de la transfusion sanguine. Et les chiffres sont éloquents.
Selon une consultation menée auprès de 210 acteurs de la sphère médicale (dont 23% de personnels soignants et 17% de volontaires associatifs), la connaissance de la transfusion sanguine est très approximative.
Seulement un tiers des répondants déclare en identifier les risques et enjeux.
Ils sont 30% à se repérer dans son organisation.
En revanche, plus de 80% disent ne s’être pas informés sur cette thématique.
On découvre aussi que seulement 63% des médecins et 52% des universitaires se sentent concernés dans leur pratique.
Du côté de l’EfS
Au sujet de l’EFS en particulier, les acteurs sont bien avertis de son activité de collecte, de préparation et de qualification de produits sanguins. Sa fonction d’approvisionnement en produits sanguins des établissements de santé est aussi bien connue (68%), à la différence de celle d’approvisionnement en plasma du LFFB (51%).
De leur côté, les activités de promotion et de recrutement des donneurs de moelle osseuse, de thérapie, de préparation de produits cellulaires ou tissulaires, d’expertise en immuno-hématologie receveur, de recherche et de banque de sang placentaire, sont méconnues.
Bref, des différences de perception et de communication.
Toutefois, les professionnels du secteur se retrouvent sur des points majeurs :
– La majorité estime que les produits sanguins sont désormais plus sûrs, grâce aux contrôles, à la sélection et responsabilisation des donneurs et à la formation des personnels,
– Plus de 86% souhaitent préserver l’anonymat du don, le bénévolat, le volontariat, et l’impossibilité de faire du sang et de ses produits dérivés, une source de profit,
– La transfusion sanguine doit maintenir sa mission de garantie d’autosuffisance. Mais, avec seulement 42% de la population française candidate au don du sang chaque année, la partie est serrée,
– Une très grande majorité (93%) estime qu’une meilleure communication – on y revient – dans les le milieu professionnel ou via les collectivités locales inciterait nos compatriotes à donner leur sang. Avec l’émergence d’une idée : la révision des critères de sélection des donneurs.
En conclusion, les professionnels se disent prêts à collaborer avec l’EFS pour promouvoir le don et l’éducation à la santé.
Un fort encouragement autant qu’une reconnaissance de la mission de santé publique, remplie par l’Etablissement.
(Source : Le Quotidien du Médecin)
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