Greffée du foie depuis 16 ans et militante - Pour le Don d’Organes et de Tissus Humains
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Greffée du foie depuis 16 ans et militante

Greffée du foie depuis février 1991, Cosette revient sur ce moment fort et sur son parcours.

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Dans les années 80, suite à un don du sang, le Centre de Transfusion Sanguine de Limoges a alerté mon médecin traitant : une anémie venait d’être décelée. Après quelques examens, il a été décidé en 1982, d’enlever la rate devenue trop grosse et là une surprise m’attendait : j’avais une cirrhose hépatique d’origine indéterminée.

Pendant 8 ans, je fus suivie médicalement mais sans aucun traitement. Il fallait vivre avec ! Mes engagements divers et variés m’ont permis de ne pas trop m’écouter.

 

L’été 90 fut très chaud. J’avais les jambes enflées. Les ennuis étaient peut être circulatoires, mais un doppler ne l’a pas confirmé. En septembre, lors d’un court séjour au CHU et à la suite de quelques examens, le Professeur de Gastro et son interne sont venus me dire « votre foie ne fait plus son travail, vous pouvez prétendre à une greffe« . Sans trop réfléchir, j’ai dit oui de suite. Pour me conforter dans ma réponse, le Professeur a tenu à me faire rencontrer 2 hommes greffés ; ils avaient un moral d’acier et cela a permis de dissiper quelques doutes sur le bilan, l’intervention et les suites. Des articles concernant les greffes avaient été diffusés dans la presse et à la télévision, mais je n’ai pas voulu regarder avant la greffe.

 

L’annonce de la greffe hépatique dans mon entourage a fait l’effet « boule de neige ». Les visites, les nombreux appels téléphoniques, la présence amicale et réconfortante du personnel hospitalier, m’ont fait accepter le temps de l’attente. L’intervention, j’en connaissais les risques mais aussi les avantages, et c’est plutôt cet espoir qui m’a fait tenir. Pour certaines personnes, j’avais peut être ce petit plus en moi qui est la Foi en Dieu et cela m’a sûrement beaucoup aidée à aller de l’avant.

Dès lors je fus « listée » à l’EfG (Etablissement Français des Greffes) : examens pré-greffe terminés et mon état de santé jugé bon par l’équipe, j’espérais à tout moment cet appel du CHU ; il fallait un donneur compatible, mais à cette époque, le don d’organes était peu connu et la famille du donneur accepterait-elle jusqu’au bout ?

 

Le 31 janvier 1991, j’avais commencé à faire quelques réserves de provisions pour qu’à la maison les miens ne manquent de rien. Le 1er appel m’a été transmis par le Bip, mais il n’est pas passé. Le 2ème m’a été transmis par ma voisine et le 3ème est arrivé à la maison juste au moment où je m’apprêtais à prendre le repas du soir avec mes 2 enfants. L’anesthésiste m’a demandé si j’étais bien à jeun et de me tenir prête, c’était peut être pour la soirée. La confirmation est arrivée à 20 h 30 : deux amies m’avaient proposé de m’accompagner au CHU. Dès mon arrivée dans le service, je n’ai plus vu le temps passer. Pour l’anesthésiste, il fallait faire vite, j’étais attendue au bloc opératoire…

Ce long travail minutieux a duré environ 15 heures. Ce n’est qu’au bout de 48 heures que j’ai réalisé que j’étais en Vie et que c’était une re-naissance. Je venais de recevoir le plus beau CADEAU qui soit : la Vie. Pour que mon donneur continue à vivre à travers moi, je me devais de continuer à lutter, pour le remercier.

Bien sûr, le fait de retrouver famille et amis m’a permis de tenir. J’avais plein de projets, j’étais prête à aider les autres transplantés à monter une association qui serait proche des malades en attente et des greffés. Cette association Transhépate existait au plan national, je m’y suis rendue début avril lors de l’un de leurs conseils d’administration pour avoir des renseignements et nous l’avons démarrée peu de temps après en Limousin : j’en ai assuré pendant quelques années le secrétariat.

 

2 ans ½ après la greffe, j’ai repris mon travail à plein temps ; je reconnais que j’ai de la chance d’être dans le service public où je ne fus pas inquiétée.

En 2001, je me suis engagée au sein de FRANCE ADOT 87 et j’en assure le secrétariat. A la demande des Lycées et Collèges du département, nous intervenons pour sensibiliser les jeunes au don d’organes, de Tissus humains,  et maintenant de moelle osseuse. Lors de ces rencontres, des greffés participent et témoignent du bien fondé de la greffe ; c’est aussi un remerciement pour les équipes de transplantation qui ne comptent ni leur temps, ni leur fatigue.

J’ai donc 2 anniversaires dans l’année, mais je tiens beaucoup à ce 2ème ; je pense à mon donneur et ne l’oublierai sûrement jamais. C’est lui et sa famille qui me permettent d’être là aujourd’hui et de vivre autrement.

Porter une carte sur soi, ou dire à son entourage « je suis pour le don d’organes« , évite à la famille éventuellement sollicitée en cas de malheur survenant à l’un de leurs proches, de ne pas avoir à réfléchir à cette question en ces moments difficiles de la Vie.

 

 

Cosette, Février 2007.

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