Michel, l’heureux élu, a donné sa moelle osseuse
A 49 ans, on peut donner sa moelle osseuse à un inconnu et en être très heureux
J’ai effectué un don de moelle osseuse en 2001, 18 mois seulement après mon inscription sur le fichier des donneurs. Un peu par ignorance, beaucoup par négligence, je ne me suis porté volontaire que tardivement : 47 ans.
Inscrit en avril 2000, j’ai été convoqué un mois plus tard, au Centre Donneur de Nice pour un entretien suivi d’une prise de sang en vue du typage HLA. Jugé apte au don à l’issue de cette visite, comme des milliers d’autres volontaires, j’ai, malgré les faibles probabilités de compatibilité, toujours eu espoir d’être appelé.
Mon souhait sera rapidement exaucé. En Août 2001, je suis convoqué pour des analyses de sang complémentaires. Un malade en attente de greffe semble compatible avec moi. Deux mois plus tard, on me confirme ma compatibilité avec le receveur et on m’annonce la date prévue du prélèvement : ce sera le 16 Novembre 2001.
A compter de cet instant les choses vont s’accélérer. Je suis convoqué deux jours plus tard pour une série d’examens : radio, électrocardiogramme, rendez-vous avec anesthésiste, prises de sang ainsi qu’un entretien auprès d’un juge d’instruction pour confirmer mon volontariat. L’infirmière surveillante du service d’hématologie me reçoit avec ces paroles : « Alors, c’est vous, l’heureux élu« . Si cette phrase m’a surpris au premier abord, elle résume parfaitement le sentiment que j’ai éprouvé à l’issue de ce don.
Pendant les 3 ou 4 semaines précédant le don, j’aurai plusieurs contacts avec le médecin greffeur, responsable du prélèvement, le médecin responsable du Centre Donneur et leurs équipes respectives. L’attention qui m’a été portée durant cette période n’a fait que me confirmer l’importance de ce prélèvement. J’ai été particulièrement choyé, protégé par l’équipe responsable du prélèvement. Il ne fallait surtout pas que je sois malade, mon receveur sans défense immunitaire, avait absolument besoin d’un greffon sain.
Hospitalisé le 15 novembre au soir, le prélèvement effectué au niveau des os du bassin sous anesthésie générale, a eu lieu le 16 au matin pour une sortie le 17 en fin de matinée. Hormis quelques courbatures pendant deux ou trois jours, je n’ai eu aucune séquelle. La semaine de congé accordée pour ce prélèvement m’a largement suffit pour me refaire une santé.
J’ai eu pendant ces quelques semaines l’agréable impression de faire partie d’une famille, d’une équipe unie pour un seul but : réaliser le prélèvement dans les meilleures conditions afin de donner le maximum de chance au receveur (et ne faire prendre aucun risque au donneur).
Je reconnais avoir éprouvé une réelle satisfaction en effectuant ce don, la satisfaction d’avoir été utile. Mon seul mérite est d’avoir répondu présent quand le receveur avait besoin de moi. Pour cela il suffisait d’une chose : être inscrit sur le fichier des donneurs. Tous ceux qui sont inscrits sur ce fichier ont autant de mérite que moi. Moi, j’ai eu seulement la chance d’être appelé.
Ma plus grande satisfaction est venue deux mois après. Par l’intermédiaire de France Greffe de Moelle, j’avais transmis un message d’encouragement au receveur. J’ai reçu en retour un message de remerciement de ce dernier, écrit en anglais (le receveur n’était pas Français). Cet échange de courrier était bien sûr anonyme.
Aujourd’hui, je suis bénévole au sein de l’ADOT 83. Je m’efforce de sensibiliser mes interlocuteurs sur l’intérêt du don d’organes en général et plus particulièrement du don de moelle. J’insiste sur l’importance de bien réfléchir avant l’inscription au fichier des donneurs de moelle osseuse, car c’est un engagement sur le long terme. Il ne faut surtout pas décevoir le receveur potentiel. Se désister à la dernière minute, oublier de signaler un changement d’adresse, c’est ôter l’espoir au receveur et peut-être même le condamner.
Michel
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