Une 2ème vie plus stable pour Denis - Pour le Don d’Organes et de Tissus Humains
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Une 2ème vie plus stable pour Denis

Greffé du foie en 2001, Denis assume son histoire mais est beaucoup plus fier de sa seconde vie, après la greffe.

145J’ai connu l’ADOT en 2001. Le 22 juin, car je m’étais rendu à la manifestation que l’ADOT 87 avait organisée sur une place publique à l’occasion de la JOURNEE NATIONALE et, grâce surtout à une amie qui est transplantée du foie comme moi ; depuis j’y suis toujours resté. Maintenant, c’est moi qui organise les rencontres entre greffés au niveau de « Transhépate ».

Parce que quand j’ai été greffé je n’ai pas eu le contact que j’attendais. J’étais seul, ce qu’on appelle vraiment seul ; je ne parlais plus à ma famille, rien du tout. J’ai passé de longs mois à l’hôpital sans voir personne, tout seul. Et c’est dur. Et c’est pour cette raison que j’ai voulu apporter aux autres ce que je n’avais pas eu. Et ils sont contents. D’abord, je leur demande pour quelle raison ils ont été greffés. Pour certains, c’était l’alcool. Etant moi-même ancien alcoolique, j’ai fait une cirrhose, on parle librement. Certaines personnes ne peuvent pas dire pour quelles raisons elles ont été transplantées. Ce n’est pas facile de dire dans les collèges ou lors d’une réunion publique que l’on a été greffé parce qu’on était alcoolique. Moi cela ne me fait plus peur. Je le dis. Ca me libère.

 

Quant aux futurs greffés, je leur explique comment cela se passe, les examens… tout. Enfin tout, non, parce qu’on ne peut pas tout raconter. Chaque personne ne réagit pas de la même manière. Moi j’ai passé un an en examen et en sevrage, ensuite j’ai été listé au mois de janvier puis transplanté le 17 mai 2001.

Cela a été difficile, très contraignant, mais je pense que lorsque l’on a la volonté de s’en sortir, cigarette, drogue ou alcool, on peut y arriver.

Avant ma greffe, je ne parlais plus à ma fille. Je l’avais quittée lorsqu’elle avait treize ans mais j’espérais toujours la retrouver.

 Et maintenant, c’est bon, c’est du passé. Cela n’empêche pas toujours d’y penser, on ne tire jamais un trait complètement. Avant, c’était un vrai suicide, ma vie c’était n’importe quoi. Maintenant je vis avec une compagne. J’ai un appartement en ville. Et puis je vois ma fille quand je veux. J’ai un petit-fils de 5 ans que je vais chercher à l’école tous les vendredis. Je côtoie mon ex-femme comme une amie. Tout est rentré dans l’ordre. Mais il faut toujours lutter, ne rien oublier. Moi je me dis que ne suis plus malade, je ne suis plus malade.

Mon donneur, j’y ai pensé surtout au début. Aujourd’hui j’y pense, mais pas continuellement. Je fais beaucoup de marche et je marche pour deux car il est toujours dans la tête et je fais en sorte que l’autre personne vive avec moi. C’est ma façon de lui rendre hommage. L’autre jour, j’ai fait deux étapes du chemin de Saint Jacques de Compostelle et si je n’avais pas pensé à lui, je ne l’aurais pas fait. Il ne faut pas oublier qu’on est ici grâce à quelqu’un. Il ne faut pas l’oublier.

Sur le plan moral et relationnel, servir dans des associations cela apporte énormément. D’abord des connaissances que je n’avais pas du tout avant. Parce que pour moi, le corps et la médecine c’était inconnu ; j’ai eu une période d’une vingtaine d’années où cela n’allait pas du tout ! C’est ce que j’appelle le suicide. Maintenant, je suis redevenu, si l’on peut le dire, comme celui que j’étais avant : toujours se battre… puis on reprend confiance. J’ai retrouvé toute ma famille, aussi bien mes parents, mes frères, oncles et tantes dont j’étais proche auparavant. Et ma fille et mon petit-fils. Je suis heureux.

Denis, 56 ans

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