Vincent vit mieux aujourd’hui
Une histoire pas comme les autres
Vincent THOMAS vit à Béthune. Son histoire n’est pas si commune. Elle pourrait arriver à tout le monde.
Il a 36 ans. Il vient de trouver un appartement, à Béthune. Cet ancien ouvrier de chez Bridgestone ne travaille plus depuis plusieurs années. Il tue le temps, se rend régulièrement à la salle de sports.
Il raconte : « Du jour au lendemain, j’étais essoufflé, sans raison, j’avais du mal à récupérer ». Il souffre d’œdèmes pulmonaires. En février 2005, il est admis aux urgences cardiologiques de Lille. « Je ne savais pas ce qui se passait … J’avais en fait une cardiomyopathie dilatée. On m’a dit que mon cœur était usé avant l’âge, que j’avais celui d’un bonhomme de 90 ans ! ». La greffe d’organes, on lui en parle tout de suite. Il a dû arrêter de travailler. On lui a installé un défibrillateur interne, pour patienter. Vincent découvre l’attente, l’hôpital. « Cela a duré cinq ans, mais c’était correct, il y a eu des hauts et des bas, bien sûr… ».
Soutenu par ses proches, il ne perd jamais le moral. En 2006, il est mis en invalidité. Celui qui faisait du foot à Essars ne peut plus pratiquer de sport. « On se laisse vite un peu aller », explique-t-il. Et le temps passe.
En septembre 2010, la situation se dégrade. Le cœur ne supporte plus le traitement. La greffe est décidée. Il passe des bilans, des tests, « au cas où ». Il est coincé à l’hôpital. Il attend. En décembre 2010, il est aux urgences de Lille. Il est inscrit sur la liste des malades en attente. Le 26 décembre, il aurait pu être transplanté mais ses reins rencontrent un problème. Le foie lâche aussi. On lui installe une machine extra corporelle, pour oxygéner les organes. Pendant deux mois, il est à l’hôpital. Et puis en février 2011, il reçoit un cœur artificiel total, une machine qui ne le quittera plus jusqu’à la greffe. Il est à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris.
Pas assez de donneurs
En juin 2011, c’est la bonne nouvelle, il sera greffé. Cela ne va pas sans quelques complications, le diaphragme est paralysé, il subit une trachéotomie. Il reste un mois à Paris, part à Berck puis à Lille. Il soigne sa paralysie, des maladies infectieuses, va jusqu’à Oignies pour être soigné et récupérer. Il est contrôlé, très régulièrement, puis de moins en moins : tous les quinze jours, tous les mois, puis tous les deux mois. Puis une fois par an ! Il sera toujours surveillé, souffre maintenant de diabète, mais voilà. Il a son appartement, espère trouver un travail adapté, et, avec l’association ADOT 62, raconte son histoire dans des collèges et lycées, pour sensibiliser les jeunes. « Il n’y a pas encore assez de donneurs. Quand on n’est pas confronté au problème, on n’y pense pas. Mais quand j’en parle aux jeunes, ils sont très intéressés, cela les touche », explique-t-il. « Dès que j’ai commencé à raconter mon histoire, on m’a répondu « je vais prendre ma carte » ». Comme ses proches, tous « encartés ». Un geste simple mais qui permet de signaler à l’entourage sa position sur ce sujet.
Avec l’aimable autorisation de Dorothée CARATINI, L’Avenir de l’Artois.
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